Il faudrait être fou pour risquer sa propre éternité contre un maigre profit ; mais on n'en sait rien ; il faut même, théologiquement parlant, qu'on ne cesse jamais d'en douter. Il faut que la religion soit comme si elle n'était pas, et Dieu, comme s'il n'était pas. Ne disent-ils pas qu'il faut mériter de croire, c'est-à-dire gagner la récompense sans savoir s'il y a récompense ?
Bref, il faut du courage pour aimer ce Dieu qui ne se montre jamais ; ce que la mythologie exprime naïvement par les deux puissances balancées du bien et du mal. Et ces difficultés mettent aux désespoirs les préfets de religion, qui prétendent savoir ce qui en est et enseigner ce qui en est.
Mais au contraire, ces subtilités mythologiques expriment très bien la pensée de l'homme et les replis de la morale. Le saint est l'homme qui se passe de Dieu.
Bref, il faut du courage pour aimer ce Dieu qui ne se montre jamais ; ce que la mythologie exprime naïvement par les deux puissances balancées du bien et du mal. Et ces difficultés mettent aux désespoirs les préfets de religion, qui prétendent savoir ce qui en est et enseigner ce qui en est.
Mais au contraire, ces subtilités mythologiques expriment très bien la pensée de l'homme et les replis de la morale. Le saint est l'homme qui se passe de Dieu.
Alain extrait de Propos sur la religion, Dieu incertain, 1er août 1932
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