ô la plus belle des maîtresses ! Fuyons dans nos plaisirs la lumière et le bruit ; ne disons point au jour les secrets de la nuit ; aux regards inquiets dérobons nos caresses. L'amour heureux se trahit aisément ! Je crains pour toi les yeux d'une mère attentive ; je crains ce vieil Argus, au coeur de diamant, dont la vertu brusque et rétivene s' adoucit qu' à prix d' argent. Durant le jour, tu n'es plus mon amante. Si je m'offre à tes yeux, garde-toi de rougir ; défends à ton amour le plus léger soupir ; affecte un air distrait ; que ta voix séduisante évite de frapper mon oreille et mon coeur ; ne mets dans tes regards ni trouble, ni langueur.
Hélas ! De mes conseils je me repens d'avance. Ma chère Éléonore, au nom de nos amours, n'imite pas trop bien cet air d' indifférence ; je dirois, c' est un jeu ; mais je crain drois toujours.
Hélas ! De mes conseils je me repens d'avance. Ma chère Éléonore, au nom de nos amours, n'imite pas trop bien cet air d' indifférence ; je dirois, c' est un jeu ; mais je crain drois toujours.
Évariste Parny, né le 6 février 1753 à Saint-Paul (Île Bourbon, aujourd'hui la Réunion) et mort le 5 décembre 1814 à Paris.
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